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dimanche 19 avril 2015

Red Queen - Victoria Aveyard

 

Je considérais les Argents comme des dieux intouchables que rien ne pouvait menacer ni effrayer. Je sais à présent que l’inverse est vrai. Ils ont vécu si longtemps au sommet, protégés et isolés, qu’ils ont oublié que la chute était possible. Leur force est devenue leur faiblesse. 

 


Dans le royaume de Norta, la couleur de votre sang décide du cours de votre existence. Sous l’égide de la famille royale, les Argents, doués de pouvoirs hors du commun, règnent sur les Rouges, simples mortels, qui servent d’esclaves ou de chair à canon.Mare Barrow, une Rouge de dix-sept ans, tente de survivre dans une société qui la traite comme une moins que rien. Quand elle révèle sans le vouloir des pouvoirs extraordinaires et insoupçonnés, sa vie change du tout au tout. Enfermée dans le palais royal d’Archeon et promise à un prince argent, elle va devoir apprendre à déjouer les intrigues de la cour, à maîtriser un don qui la dépasse, et à reconnaître ses ennemis, pour faire valoir l’indépendance de son peuple. 


 

Lecture finie
 

Le livre très (trop) médiatisé du moment.

Pas moyen d'y échapper...



Je trouve qu'il faut se défier de ces façons de faire connaître un livre. Ça les expose de façon trop brutale à contrario des livres qui acquièrent une notoriété de façon plus lente et moins agressive. 

 

Trop de pub, tue la pub...Parenthèse fermée .

Les points fort

Un style. J'y ajouterai l'univers que sa plume sert. L'auteure nous en propose un riche et même s'il s'inspire beaucoup de choses déjà vus propre à la littérature dystopique et fantaisy, c'est vraiment très prenant pour peu qu'on y adhère.



Les personnages. A l'instar du monde proposé par l'auteure, on a une galerie de personnages très fouillés, riche en couleurs et aucun ne laisse indifférent. Tous sont charismatiques...qu'on les aime ou qu'on les déteste.



L'histoire. On a une trame narrative qui est convenue et très originale à la fois. J'explique mon discours de Normands. Comme pour l'univers mise en place dont je parlais plus haut, l'auteure propose quelque chose d'originale et personnelle tout en empruntant à des références déjà connues. Par exemple, le dénouement final se passe dans une arène. Ça n'était pas sans me rappeler le film Gladiator de Ridley Scott ou les nombreux autres films et romans qui se finissent avec un « combat final ». Cependant, il n'en reste pas moins que c'est très bien fait et le récit enchaîne les retournements de situations de manière savoureuse.



La romance. Alors mon petit cœur de guimauve vous prévient tout de suite, la romance n'est pas le point central du roman. Tant mieux (et oui, je ne pensais pas un jour l'écrire!) car les différentes personnages centraux (trois hommes et une femme) ne sont pas particulièrement enclins à laisser parler leur fibre romantique. Il y beaucoup de coup bas entre eux qui aurait desservi une belle histoire d'amour comme je l'entends. Il n'en reste que Cal et Mare sont vraiment « un couple » addictif et la fin nous donne vraiment envie de connaître le devenir de leur relation.


Les points faibles

Le début du récit est un peu lent. En tout cas, malgré le style auquel j'ai tout de suite adhéré, j'ai eu du mal à accrocher rapidement. Il faut dire que l'univers est complexe et il m'a peut-être fallu un peu de temps pour m'y retrouver.



Le personnage principal. Je vais nuancé. Mare est un bon personnage mais certains choix qu'elle fait m'ont vraiment prodigieusement agacé. Au début du roman, elle est une jeune fille rouge un peu paumé. Elle n'est pas une fille idéale dans le sens où elle est une voleuse avec des valeurs un peu douteuses. La notion de bien et de mal sont très aléatoires.



Pourquoi pas ?



Mais ça ne l'a pas forcément rendu sympathique. Durant tout le récit , mon sentiment s'est renforcé. Elle noue des relations avec de nombreux personnages mais elle n'est jamais vraiment très honnête envers eux. Cette duperie m'a gêné. D'ailleurs à la fin du livre, un des personnages Lucas lui dit ce qu'il pense d'elle : 



« Je ne suis rien à vos yeux. Un instrument dont on se débarrasse après l’avoir utilisé. (...)Vous êtes comme tous les autres. Sans cœur, égoïste, froide. À notre image. Ils ont fait du beau travail. »


Mare fait des choix que je trouve douteux et qui ne la rende pas très sympathique. Certes elle évolue dans un nid de vipères mais elle n'est pas une petite souris innocente.





Bref

Une très bonne lecture qui propose un habile cocktail de plusieurs types de littérature...dystopie, young adulte, fantaisy... Le tout dans un univers où conspiration, mensonge et duperie font la loi.

Avis aux amateurs !







— Cal ne tournera jamais le dos à la couronne – à votre père.

— Je connais mon frère. Entre te sauver toi, ou sauver sa couronne, il n’hésitera pas. Tu le sais aussi bien que moi.

— Il ne me choisira jamais.

Ma peau devient brûlante au souvenir du baiser volé. Cal m’a tirée des griffes d’Evangeline. Cal m’a empêchée de m’enfuir et de me mettre dans une situation plus compliquée. Il m’a évité la conscription. J’ai été trop occupée à tenter de sauver les autres pour remarquer que Cal a toujours pris soin de moi. Qu’il m’aime à ce point.

J’ai soudain du mal à respirer. Maven secoue la tête.

— Il te choisira toujours.

Farley laisse échapper un rire moqueur.

— Vous voulez que je fasse reposer l’opération tout entière, la révolution même, sur un coup de cœur entre deux adolescents ? Je n’arrive pas à y croire.

Une expression étrange se peint sur le visage de Kilorn, assis en face de moi. Lorsque Farley cherche du soutien auprès de lui, elle n’en trouve pas.

— Moi, si, murmure-t-il sans me quitter des yeux.






— Tu vas vraiment partir avec la Légion ?

Le simple fait de prononcer ces mots me terrorise. Son hochement de tête est presque imperceptible.

— La place d’un général est au côté de ses hommes.

— La place d’un prince est au côté de sa princesse. D’Evangeline, m’empressè-je d’ajouter.

Bien joué, Mare !

La chaleur épaissit soudain l’atmosphère de la pièce, alors que Cal n’a pas esquissé le moindre mouvement.

— Elle s’en sortira sans moi. On ne peut pas dire qu’elle me soit très attachée. Et elle ne me manquera pas non plus.

Incapable de croiser son regard, je garde le mien rivé droit devant moi. Par malheur, il tombe sur le torse de Cal, et sur sa chemise beaucoup trop fine. Je l’entends inspirer brusquement. Puis ses doigts se glissent sous mon menton et font basculer ma tête en arrière. Des flammes dorées vacillent dans ses yeux, reflet de la chaleur qui monte en lui.

— Toi, tu me manqueras, Mare.

J’ai beau désirer de tout mon être rester immobile, arrêter le temps et prolonger ce moment indéfiniment, je sais que c’est impossible. Quels que soient mes sentiments, ou mes convictions, Cal n’est pas le prince auquel je suis promise. Plus important encore, il est du mauvais côté. Il est mon ennemi. Il représente l’interdiction absolue.

À contrecœur, d’un pas hésitant, je recule pour quitter cette bulle de chaleur à laquelle je me suis habituée.

— Je ne peux pas…

Ce sont les seuls mots que je réussis à articuler. Bien sûr mes yeux me trahissent. Je sens monter des larmes de rage et de regret, des larmes que je m’étais juré de ne jamais verser. Peut-être que l’approche de son départ a rendu Cal intrépide et imprudent, autant de choses qu’il n’était pas avant. Il me prend par la main et m’attire vers lui. Il est en train de trahir son seul frère. Je suis en train de trahir ma cause, de trahir Maven et de me trahir, moi, pourtant je n’ai aucune envie d’arrêter.

N’importe qui peut trahir n’importe qui.

Ses lèvres rencontrent les miennes, brûlantes et insistantes. Le contact m’électrise d’une façon inédite. Cette étincelle n’a rien de destructeur, c’est une étincelle de vie.

J’ai beau vouloir me dérober, je m’en sens incapable. Cal est une falaise et je me jette dans le vide avec délectation. Un jour il comprendra que je suis son ennemie et tout ceci ne sera plus qu’un souvenir oublié. Mais pas encore.





Je voudrais hurler. Cal se retourne pour m’observer à travers les barreaux. Il a beau être privé de ses pouvoirs à cause de ces maudits murs, un brasier se déchaîne dans ses yeux.

— Qu’est-ce que ça fait ? grogne-t-il, presque nez à nez avec moi. Qu’est-ce que ça fait d’avoir été manipulée, Mare Barrow ?

À une époque, j’aurais donné n’importe quoi pour l’entendre prononcer mon véritable nom. Aujourd’hui, il me fait l’effet d’une brûlure. Moi qui croyais les manœuvrer tous les deux, Maven et Cal. J’ai été si bête…

— Je suis désolée, me forcé-je à dire.

Je méprise ces mots, mais je n’en ai pas d’autre.

— Je ne suis pas Maven, poursuis-je. Mon objectif n’était pas de te blesser. Je n’ai jamais voulu qu’il t’arrive du mal.

Plus bas, dans un murmure à peine audible, j’ajoute :

— Tout n’était pas faux.

Sa tête produit un bruit si retentissant en frappant les barreaux qu’il a dû se faire mal. Il ne réagit pas pourtant. Comme moi, il a perdu la capacité d’éprouver douleur ou peur. Trop d’événements se sont succédé.




Une étrange chaleur s’abat sur moi, une chaleur qui pourrait émaner du soleil alors que nous sommes à plusieurs mètres sous terre. Cette chaleur m’est aussi familière que mes propres éclairs, et elle m’enveloppe en lieu et place de l’étreinte qui nous est interdite. Ils ont beau qualifier Cal d’ennemi, ils ont beau le craindre, je le laisse réchauffer ma peau et je laisse son regard consumer le mien.

Nos souvenirs communs défilent dans ma mémoire : je me rappelle la moindre des secondes que nous avons passées ensemble. Notre amitié a disparu, remplacée par la seule chose que nous ayons encore en commun. Notre haine pour Maven.

Je n’ai pas besoin d’être un chuchoteur pour savoir que nous partageons la même pensée : Je le tuerai.