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lundi 7 juillet 2014

La confrérie des Ombres Tome 2 : La prophétie d'Asiès de Belinda Bornsmith




Non...c'est bien plus que cela...je ne sais pas ce que c'est l'amour, mais si aimer une femelle, c'est avoir mal à en crever parce qu'elle n'est plus là; si aimer une femelle, c'est cette impression d'être déchiré en deux parce qu'elle m'a quitté; si aimer une femelle, c'est ce sentiment horrible que si elle refuse de me pardonner, j'en crèverai tôt ou tard... alors,oui,ce que j'éprouve pour toi, ça y ressemble..








Le résumé:
La Confrérie des Ombres  a lancé son offensive, impitoyable et cruelle,  et la race humaine en paye le terrible prix
Entre rivalités et trahisons, la Confrérie connaît toutefois des heures difficiles. Au cœur de la tourmente, Szon, guerrier dzellis, voit sa vie bouleversée par Lily, une humaine retenue en captivité. Son courage, sous une apparence fragile, l’attire étrangement.
Une passion qui s’attise de jour en jour et menace de remettre en question…
Le combat de toute une vie
Kidnappée par Szon aux ordres d’un tout puissant Conseil, Lily se rapproche de ce dzellis qui a peuplé ses rêves durant des semaines - un être différent qui a pris part à la destruction de la race humaine. Pourtant, à son contact, elle se sent renaître et surmonte peu à peu la terrible fatalité qui l’a frappée bien avant cette guerre.

Un lien curieux qui se renforce, un lien néanmoins difficile à accepter…

Dans un chaos tragique

À l’aube de passer de l’ombre à la lumière, la Confrérie arrive à une situation explosive, au seuil d’un tournant décisif qui pourrait changer à jamais sa destinée, car lorsqu’une dzellis aux pouvoirs exceptionnels s’oppose avec courage à sa propre race, elle devient…

L’espoir de toute l’humanité.

L'extrait :
Szon jeta de nouveau un coup d’œil sur l’humaine toujours plongée dans un sommeil profond. Sa tête reposait contre la vitre, des mèches blondes balayaient ses joues et cascadaient le long de ses épaules. Il étudia du regard la jeune femme à l’apparence délicate et fragile.

Depuis son enlèvement, elle n’avait pas repris conscience. Il avait déjà franchi une bonne distance en roulant durant des heures sans effectuer un seul arrêt. La frontière du Kentucky atteinte, le guerrier en avait profité pour faire une halte une partie de la nuit afin de se reposer. En effet, plus vite il s’éloignait de Ryala, moins de risques il encourait. Toutefois Szon n’était pas certain qu’elle se lance tête baissée à sa recherche. D’une part, la dzellis était intelligente et, d’autre part, il était convaincu que le frère avait été difficile à maîtriser.

Certainement prêt à se lancer sur les routes à pied si nécessaire, pour le peu qu’il ait remarqué lors de sa surveillance. Un frère hyper-protecteur.

Une plaie !

Mais il avait toute confiance en la dzellis pour trouver une solution à tous ses problèmes.

L’humaine commença peu à peu à s’agiter. Il se redressa sur son siège en se massant le cou puis il s’étira longuement pour dénouer ses muscles. Sur le point de presser le bouton de contact, il stoppa son geste : les paupières de la jeune femme s'ouvraient lentement. Le dzellis s’adossa et attendit qu’elle reprenne conscience.

Un léger gémissement s’échappa de ses lèvres avant qu'elle ne cligne des yeux plusieurs fois. Le soleil se pointait à l’horizon et un faible éclairage nimbait l’habitacle d’une lueur tamisée. La vision brouillée et l’esprit embrumé par ces heures de sommeil forcé, Lily émergeait peu à peu. Des souvenirs encore confus l’envahissaient par bribes, puis elle remarqua le paysage glacé sans bulle protectrice à travers un pare-brise. Dans un silence de plomb, ses yeux se baissèrent lentement vers un tableau de bord parsemé d’une multitude de commandes semblables à un cockpit d’un avion avant de se fixer sur un ordinateur et un écran intégré. Szon la vit se tendre brusquement et elle tourna enfin la tête dans sa direction. Un regard bleu marine aussi profond que la couleur d’un saphir le fixa, toujours dans ce silence sépulcral.

Les souvenirs, à cette minute, déferlaient en Lily comme un raz de marée : l’étable, Blacky, cet inconnu imposant qui s’approchait.

Son rêve.

Ils se fixaient sans prononcer la moindre parole. La jeune femme restait immobile, visiblement tétanisée par le choc tandis que Szon conservait un masque indéchiffrable, le regard froid dénué de toute expression.

De longues secondes s’écoulèrent avant que le guerrier ne sente le changement dans l’atmosphère ; ce changement lorsqu’un vent de panique commença à se propager. Les yeux de l’humaine s’écarquillèrent d’effroi, ses mains se mirent à trembler ainsi que ses lèvres, mais pas un son ne sortait de sa bouche.

- On se calme, articula-t-il très lentement

Une voix aux intonations très dangereuses.

Lily embrassait du regard son physique imposant calé dans ce siège, sa stature immense et musclée. Les manches relevées de son tee-shirt noir révélaient des tatouages d’un noir profond bordés de filaments bleutés, ses cheveux désordonnés et longs dans la nuque d’une couleur d’un jais intense s’éclairaient des mêmes reflets bleutés. Des yeux clairs comme elle n’en avait jamais vu lui coupèrent le souffle. Un piercing et un visage aux angles durs et énergiques complétaient une image dangereuse, très menaçante. Si la terreur ne l’avait pas glacée de seconde en seconde, elle aurait pu convenir qu’il était d’une séduction époustouflante.

Néanmoins elle parvint à formuler le semblant d’une phrase dans un faible bredouillement.

- Qui…qui êtes-vous ? Pou… pourquoi m’avez-vous enlevée ?

Ses dents s’entrechoquaient et chaque battement de son cœur résonnait dans ses tempes. La panique commençait à la submerger et ses yeux se remplissaient d’effroi tandis qu’elle luttait pour respirer.

Okay, une crise de nerfs !

Il ne manquait plus que cela !

- Pas de panique. Je ne vous ferai aucun mal, prévint Szon d’un ton très calme sans bouger d’un millimètre.

Mais sa voix aiguisée comme une lame de rasoir ne rassura guère Lily. Elle déglutit incapable d’enrayer le tremblement de ses mains, encore moins cette peur qui l’envahissait.

- Que…que voulez-vous ? Pourquoi… m’avez-vous …

Les mots s’entrechoquaient et sa voix se brisa net.

- Comment vous appelez-vous ? demanda le dzellis subitement, ignorant sa question.

Mon dieu, il était si imposant et musclé que sa gorge se noua terriblement, au risque qu'elle s'étouffe. Avec une main, il pourrait lui briser le cou. Etait-il un dangereux meurtrier ?

- Votre nom, interrogea-t-il de nouveau avec une trace d’impatience dans la voix qui la terrifia.

- Li...ly…

Il la fixait en silence sans esquisser le moindre geste sentant la jeune femme au bord de la crise d’hystérie. Puis il vit ses poings se serrer violemment.

- Ramenez-moi chez moi, s’exclama-t-elle d’un ton désespéré, ramenez-moi…

La voix monta crescendo tout à coup.

Très bien, il y aurait droit à sa crise d’hystérie.

Il ne la quittait pas du regard, remarquant la lueur affolée d’un bleu sombre et orageux dans ses yeux, les mouvements saccadés de ses mains, la panique qui explosait en elle.

- Relâchez-moi, s’écria-t-elle d’un ton désespéré.

Un sanglot s’étouffa dans sa gorge et ses mains commencèrent à s’acharner frénétiquement sur la poignée de la portière, sans succès. Szon commandait toutes les ouvertures du véhicule à partir du tableau de bord. Le guerrier ne bougeait pas d’un centimètre et la regardait se batailler avec l’ouverture manuelle de la portière. Il réprima un soupir et serra les dents quand la voix affolée de l’humaine résonna dans l’habitacle dans un cri strident.

- Je veux rentrer…

Mon dieu, elle se retrouvait seule et vulnérable à la merci d’un inconnu immense et menaçant comme jamais elle n’en avait rencontré dans sa vie, sans son frère pour la protéger. Des larmes s’échappèrent de ses yeux alors que ses mains s’acharnaient encore sur la poignée. Curieusement, le dzellis la laissait faire et restait parfaitement immobile.

Elle allait lui bousiller toute sa portière…merde, elle tapait à présent contre la vitre.

- Ok, ça suffit !!!

Sa voix claqua comme un fouet dans l’habitacle.

Lily sursauta, une lame tranchante ne ferait pas plus d’effet sur une peau délicate. Mais curieusement, ce ton brutal et autoritaire lui remit les idées en place. La respiration sifflante, elle posa une main tremblante sur la poignée et garda son regard fixé obstinément sur la vitre, ses épaules secouées par le choc. Elle battit plusieurs fois des paupières pour se reprendre et éclaircir sa vision noyée de larmes. Dépassée par son accès de panique, l’esprit plongé dans la confusion la plus totale, elle inspira profondément. Jamais, dans toute sa vie, elle n’avait réagi avec une telle violence. La vie, pour son plus grand malheur, lui avait enseigné douloureusement à se battre et maitriser ses émotions.

Maintenant, à sa décharge, jamais un être dangereux ne l’avait enlevée également. Peu à peu, elle commençait à reprendre ses esprits et, à y réfléchir, paniquer ainsi au risque d’excéder son kidnappeur n’était pas en soi la réaction la plus intelligente.

Enfermée depuis des mois dans un cocon grâce à son frère, en fait, depuis son accident, le changement était rude et terrifiant. Cependant, curieusement, la honte la submergea avec violence quelques secondes plus tard. Quel spectacle affligeant, elle avait offert à son ravisseur !

D’ailleurs, sa voix s’élevait à nouveau, arrogante et sarcastique :

- Et ensuite, vous avez l’intention de courir le marathon ou ramper peut-être !

Elle blêmit et se raidit, humiliée, inspirant encore plusieurs fois.

Reprend-toi Lily ! Réfléchis.

- Où… où… sont mes béquilles ?

- Dans le coffre !

Les réactions de son corps s’apaisaient, sa respiration se faisait plus régulière et le tremblement de ses mains cessait peu à peu. Son ravisseur ne bougeait pas, calé dans son siège. Il n’avait pas levé la main ni le petit doigt pour tenter de maîtriser son accès de panique, la laissant s’acharner sur la portière.

Etait-ce encourageant ? Pas sûr…

Puis, subitement, la colère l’envahit avec une telle brutalité qu’elle oublia toute prudence. Elle avait besoin de puiser sa force dans cette colère. Elle tourna la tête et plongea ses yeux étincelants dans les siens.

- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?

Intrigué, Szon l’observa en silence. En quelques secondes, cette humaine était passée de la panique à la colère la plus intense.

Il réprima un profond soupir. Le voyage risquait d’être long avec ce genre de femelle.

Alors, cette fois-ci, il se pencha lentement. Son corps semblait l’écraser de toute sa puissance. Le souffle altéré, Lily se raidit comme un piquet. Toutefois un parfum légèrement épicé lui chatouilla les narines. Une fragrance agréable. Elle retint sa respiration.

- Ouvrez grandes vos oreilles, Lily, car je ne le répèterai pas. Nous sommes condamnés à passer quelques heures ensemble dans ce véhicule. Ce voyage peut très bien se passer, sans heurts, sans cris, sans larmes. Comme je vous l’ai déjà dit, vous n’avez rien à craindre. Alors si vous me piquez une autre foutue crise d’hystérie, je peux soit vous endormir ou soit vous assommer tout simplement, acheva-t-il d’un ton menaçant.

Pour sa plus grande surprise, le fait qu’il la traite d’hystérique lui hérissa le poil, alors que sa menace de l’assommer la laissa de marbre. Elle ouvrit la bouche et la referma aussi sec.

Hystérique !!!

La colère la submergea. Soudain, elle capta un reflet bleuté dans ses cheveux puis un autre sur ses avant-bras puissants ; reflet qui attira son attention et qu’elle suivit des yeux le long de sa peau tannée. Sa colère s’évapora.

Tout à coup, elle leva son visage et se pétrifia sous le choc. La jeune femme fixa de nouveau cette chevelure aux tons si particuliers et intenses. Un voile se déchira devant ses yeux. L’esprit plus clair, elle croisa son regard. Szon haussa un sourcil interrogateur avec l’impression soudaine de se retrouver sur des montagnes russes à l’affut de toutes les réactions diverses de l’humaine.

Elle n’avait même pas réagi à ses menaces de l’assommer, ses yeux avaient étincelé d’une fureur latente plutôt intéressante, à vrai dire.

- Vous êtes… vous appartenez à cette race… dzellis, tout comme Ryala.

Okay ! Quand elle ne pleurait pas, quand elle n’était pas en proie à la panique, elle ne paraissait pas trop stupide et réfléchissait plutôt vite.

- Vous êtes venus pour Ryala, continua-t-elle. Cette dzellis qui a déserté la confrérie et que nous avons accueillie. C’est la raison de votre venue. Mais… pourquoi… pourquoi m’avoir enlevée ?

Szon allait répondre quand un signal d’appel clignota sur le tableau de bord. Il saisit son oreillette et la fixa.

- Salut frérot je viens aux nouvelles, s’éleva une voix.

Siyin.

Szon l’avait informé la veille de son changement de plan entre Melissa et Lily.

- Et ?

- Ca va, bougonna Szon rapidement.

- Elle est éveillée à présent ?

- Oui…

- Mais encore ?

- Tu veux vraiment savoir ?

Il y eut un petit silence.

- Szon… elle arrive au complexe, entière, et dans le même état qu’elle est partie sinon Slaren te trucide.

- Depuis qu’il fricote avec Jenna, il est devenu gonflant !

Il sentit le regard de l’humaine se poser sur son visage.

- Il ne fricote pas. Je te rappelle qu’il l’a revendiquée et qu’elle attend son enfant, alors fricoter n’est pas le terme exact Szon.

Bonté divine ! Son frère, un enfant ! Qui l’aurait cru ? Qui plus est d’une humaine. Il se remémora ses conversations avec Siyin : le calvaire vécu par son frère lorsque l’état de Jenna s’était détérioré violemment, puis les quelques minutes durant lesquelles son cœur avait tout simplement cessé de battre. Et que dire de ses propos à son réveil concernant Asiès, leur ancêtre, et Sienna.

Ses mâchoires se serrèrent douloureusement, il repoussa la pensée de la jeune dzellis. Le souvenir serait toujours trop vif, trop intense. Il n’avait pas besoin de cela maintenant.

Il frissonna. Son frère, perdre Jenna ? Jamais, le dzellis ne s’en serait remis, Szon en convenait également. Slaren aurait certainement perdu la raison. Le guerrier ne comprenait guère que l’on puisse s’attacher autant à une femelle, que l’amour puisse transformer l’un des plus impitoyables guerriers en un être qui se ferait mener par le bout du nez.

Très peu pour lui !

Mais il se sentait à l’abri de telles conneries. Il avait couché durant des décennies avec des dzellis superbes ,voire même intelligentes pour certaines, et pas une seule fois, il avait ressenti les plus petits prémices de ce sentiment qui rendait esclave les mâles dzellis. Jamais il n’avait éprouvé ce besoin de pousser les choses hors du lit. En vérité, la seule dzellis qu’il ait jamais aimée était Sienna, mais d’un amour fraternel et total. Il la repoussa de nouveau de ses pensées. Depuis les évènements avec Jenna, son souvenir revenait constamment et s’accompagnait de ce creux dans la poitrine, de ce vide et de ce manque profond qu’une vie entière ne comblerait pas.

En vérité, le bonheur le Slaren le rendait heureux, même si leurs relations avaient été parfois tumultueuses, voire musclées par le passé. Il convenait que Jenna était une humaine courageuse et séduisante en parfaite harmonie avec le dzellis. Il était prêt à croire effectivement que leur destin était lié depuis toujours.

Pour ses frères et dorénavant pour Jenna, tout comme par le passé pour Sienna, il se sentait capable de tout, c’est le seul lien affectif total et entier qu’il comprenait. Alors, les autres femelles, il les appréciait dans son lit, sous son corps, même au-dessus ,voire dans toutes les positions inimaginables, tant qu’il était enfoui en elles et tant qu’il prenait du bon temps sans complications.

- Et où est-il ?

- Au lit ! A mon avis, c’est ce que tu ferais si tu avais une femelle qui réchauffait ton lit. Tu ne serais pas dans une salle de contrôle aux aurores, assis seul...

Szon eut un petit sourire.

- Un peu sous tension frérot ? plaisanta-t-il, je peux te brancher sur quelques dzellis…

Il sentit le regard de l’humaine. Cette fois, il tourna la tête et soutint son examen d’un air arrogant et moqueur. Elle rougit et tourna la tête avec brusquerie.

Son visage fin se découpa dans la clarté du jour. Machinalement, il suivit des yeux la ligne délicate de son profil puis détourna lentement le regard.

- Disons que l’atmosphère au sein du conseil est un peu tendue, ces jours-ci, rétorqua Siyin dans un soupir.

Lily écoutait ses paroles et la riche nuance de sa voix rauque qui avait perdu toute trace de ce timbre dangereux. Une certaine affection transparaissait dans chaque mot. Plutôt étonnant. Durant quelques secondes, le masque dur de son visage avait disparu sous ce sourire esquissé sur ses lèvres sensuelles.

Lèvres sensuelles !

Elle fronça les sourcils à cette pensée et au fait qu’elle ait remarqué ce détail. Son ravisseur paraissait plus détendu, sa voix flottait dans l’habitacle, moins menaçante et le souvenir de l’intensité de son rêve choisit cet instant pour la percuter de plein fouet.

Un dzellis, elle avait rêvé d’un dzellis, au détail près : sa carrure, cette couleur de cheveux, ce piercing qui l’éblouissait avant qu’elle ne s’éveille haletante.

Pourquoi ?

Pourquoi avait-elle rêvé au détail près de cet être différent au physique si imposant et dangereux ? Un être appartenant à une autre race dont la séduction animale et incroyable, mais mortellement dangereuse, la percutait de plus en plus maintenant qu’elle réfléchissait avec toutes ses facultés. Elle posa ses mains légèrement tremblantes sur ses genoux.

Et la peur n’en était plus la raison, une angoisse irraisonnée l’envahit au plus profond de son être.

- Ok je te recontacte dans quelques heures.

Il se tourna vers Lily qui se raidit lentement dans l’attente. Elle ne bougeait pas et son regard restait fixé sur le pare brise. Un silence moins pesant les enveloppait

Ses larmes avaient séché et laissé des sillons sur ses joues. Szon la vit les balayer d'un geste nerveux, la jeune femme consciente de son examen muet.

Cependant, même si la tension et la raideur de sa nuque lui indiquaient avec clarté son angoisse et sa peur, l’humaine réagissait plus calmement. Son petit menton se soulevait dans un geste de défi au fur et à mesure de son examen. Il se surprit à réprimer un petit sourire devant cette pointe de fierté soudaine. Néanmoins, il reprit la parole d’une voix très sèche :

- Comme je le disais précédemment, si vous ne me laissez pas le choix, je vous endors de nouveau. Alors, il ne tient qu’à vous pour que ce voyage se passe correctement et dans les meilleures conditions.

Au moins, il ne menaçait plus de l’assommer.

Lily tourna le visage en colère.

- Vous m’avez enlevée ! assena-t-elle.

- C’est l’histoire de quelques jours, ensuite vous repartirez chez vous saine et sauve.

- Vous voulez attirer Ryala dans ce complexe, n’est-ce pas ? Vous pensez qu’elle viendra me sauver. Et si elle ne venait pas ?

Ses iris si clairs sous la clarté du jour naissant faillirent lui faire perdre le fil de ses pensées. Elle serra les poings pour endiguer cette étrange réaction.

- Ryala viendra ! répondit-il d’un ton lent et froid, ne cherchant à nier le but de sa mission.

Elle tourna la tête. Son ravisseur avait certainement raison. Sans connaître vraiment la dzellis, Lily pressentait qu’elle ferait son possible pour lui venir en aide. Cette dernière se sentait redevable envers les humains, terrassée par une terrible culpabilité. Elle aiderait Sean. La pensée de son frère lui fit mal, il devait être fou d’angoisse.

Mais le dzellis mit le contact et démarra. Au bord de la nausée, Lily sentit l’espace d’une minute son estomac se nouer violemment. Il allait l’emmener dans ce complexe parmi les siens, cette race qui avait mené une guerre si cruelle. Elle serra les dents pour résister à la peur qui lui nouait les entrailles.

La jeune femme avait survécu à beaucoup de choses : un grave accident, un coma, un handicap. Alors, cette épreuve, elle la surmonterait, elle n’avait pas le choix. Dans ce corps brisé, seule sa fierté à laquelle elle se raccrochait lui permettrait de franchir l'horreur.

Mais savoir qu’elle serait dans quelques heures parmi des êtres différents, un long frisson parcourut son échine. Son sort scellé, il n’y avait plus qu’à espérer que Ryala vienne à son secours.

Elle n’avait aucun moyen de défense contre cet inconnu. Toutefois, paniquer et hurler ne l’aideraient pas. Durant les prochains jours, seul son courage lui viendrait en aide, car le mot "pitié" ne faisait certainement pas partie du vocabulaire de son ravisseur.

Ce chaos en témoignait. Elle posa ses mains crispées sur ses genoux et fixa l’horizon.

Le véhicule s’engagea sur une route glacée, Lily avait une conscience aigue de sa présence et puissance impressionnante qui emplissait tout l’habitacle. Puis, au fur et à mesure des minutes, elle se rendit compte pour la toute première fois de la réelle ampleur du chaos et, pour la toute première fois, elle prit la pleine mesure de la haine de cette race…

Une race à laquelle appartenait le dzellis à ses côtés.