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mardi 20 mai 2014

Par une nuit sans mémoire de Nora Roberts





Ses muscles commençaient à le brûler, ses pieds à mendier du repos ; il allait céder à leurs appels quand Olivia sauta sur un tertre de rochers, puis se retourna pour lui tendre la main. Le souffle un peu court, il la saisit et se hissa à son côté.












Le résumé :
Beverly Hills, 1979. Olivia MacBride est témoin du meurtre de sa mère. Pis encore, la fillette reconnaît son père dans ce monstre qui brandit une paire de ciseaux ! Pourquoi Sam Tanner a-t-il tué Julie, une des actrices les plus adulées d'Hollywood ? Vingt ans plus tard, Sam s'apprête à sortir de prison. Avec une seule obsession : qu'Olivia l'entende et le reconnaisse. Pour éclairer ce drame obscur, il choisit de se confier à Noah Brady, le fils du flic qui l'a fait incarcérer. Noah est écrivain, il saura trouver les ressorts secrets du crime. Vengeance, piège ? Quel est le but de Tanner ? Attirer Noah, lui faire miroiter un récit ou terroriser ses proches ? Pour Noah et Olivia, qui se découvrent complices, l'enjeu est d'importance car une menace plane à nouveau. Le dernier acte n'est peut-être pas joué.

Réédition prévue le 9 Juillet 2014



L'extrait :
Laissez-moi juste vous caresser..., souffla-t-il.
Il lui frôla les côtes de la main, sentit sa poitrine se soulever quand ses doigts se refermèrent sur ses seins. Sa bouche glissa le long de sa joue puis vers son cou, vers la zone douce et vulnérable où son pouls battait si fort. Il dit son nom, juste son nom, et elle fut perdue. Elle enfonça les ongles dans ses épaules, plongea les doigts dans la masse de ses cheveux pour l’attirer plus près d’elle, ramener sa bouche contre la sienne.
Elle connut le désir à l’état pur alors que leurs deux bouches luttaient, puis le plaisir sauvage quand il remonta brusquement son tee-shirt, le retira et s’empara avidement de sa chair à nu. Il était fort et possessif, le torse moulé contre celui d’Olivia poussant contre elle comme le sol rocailleux poussait sous son dos, et les battements primordiaux du sang dans ses veines. Pour la première fois de sa vie, alors que le corps d’un homme s’écrasait contre le sien, elle se rendit. A lui, à elle. Quelque chose en elle devint soyeux, son esprit se vida merveilleusement, puis se remplit de lui.
Il sentit le changement, et pas seulement dans le don de son corps ; l’abandon arriva, doux, tendre, inattendu.

Les mains de Noah se faisaient plus lentes, calmaient ses frissons, et en même temps invitaient à aller plus loin. Avec une sorte d’attention sérieuse et nonchalante à la fois, qui faisait tourner la tête d’Olivia, il commença un long et voluptueux voyage sur son corps. Le plaisir faisait frissonner sa peau, la réchauffait, la ranimait ; elle se sentait monter en rythme quand les mains de Noah la soulevaient, la berçaient. Les lèvres entrouvertes, dans un murmure enivré, elle lui enleva sa chemise et se délecta du glissement soyeux de leurs deux peaux, de sa musculature souple et vigoureuse sous ses caresses, du battement réconfortant de son cœur près du sien.
Plus... Prends plus...
Comme en rêve, elle s’entendit elle-même s’offrir ; elle s’arqua, mince et souple comme un rameau d’osier, douce comme l’eau de la rivière. La ligne charmante de sa gorge attirait les lèvres de Noah, la courbe de ses seins le fascinait, leur saveur l’enivrait. Il 378
sentit le désir jaillir dans son ventre.
Il y avait toujours plus, à goûter et à prendre. Plus la peau d’Olivia frémissait, plus la bouche de Noah se faisait pressante.
Chaque demande avait sa réponse, gémissement, mouvement, murmure.
Il dégrafa son jean et, quand il lui effleura le ventre avec sa langue, son tressaillement lui fit l’effet d’une décharge électrique ; il tira violemment le jean par-dessus ses hanches et, tandis qu’elle se cabrait, s’empara d’elle à pleine bouche. L’air parut soudain trop épais à Olivia, le sang vrombissait à ses oreilles. De la bouche, des dents, de la langue, il la conduisit vers des sommets inconnus d’elle. Elle prononça son nom en haletant, luttant contre une excitation mêlée de panique qui menaçait de l’engloutir tout entière. Puis ses mains s’agrippèrent solidement à celles de Noah et la chaleur jaillit dans son ventre, humectant sa peau de rosée, lui brûlant les entrailles, jusqu’à ce que la douleur et le plaisir se confondent. Elle manqua de souffle, .chercha à se libérer au moment même où ses hanches s’arquaient plus que jamais. Enfin, tout s’émietta en elle, se brisa en mille morceaux, la laissant molle et sans défense.
Son cri de délivrance vibra à travers le corps de Noah, les mains d’Olivia se relâchèrent dans les siennes. Tout ce qu’il avait jamais voulu dans la vie se réduisait à elle, à cet endroit, à ce moment. Il contempla fixement son visage alors qu’il la conduisait vers le plaisir, encore et encore.
Elle avait les yeux grands ouverts, élargis par la surprise, aveuglés par le plaisir ; ses lèvres tremblaient à chaque respiration.
Les rayons du soleil léchaient sa peau tandis qu’elle ruisselait dans la main de Noah.
Le sang rugissant dans ses veines, les muscles tremblant sous sa peau, il vint s’allonger sur elle.
Olivia, ordonna-t-il d’une voix rauque, regarde-moi quand je te prends, regarde-moi quand nous nous prenons...
Puis il s’immergea profondément dans son ventre, s’unit à elle.
Il prolongea cette union jusqu’aux limites du possible, et quand sa 379
vision se voila sur les bords il tint encore bon. C’était la femme et c’était lemoment, il en était sûr ; s’accrochant un instant de plus à cette évidence, il posa son front sur le sien.
C’est toi, réussit-il à dire. Ça a toujours été toi.
Puis il prit sa bouche, dans un baiser aussi violent que la chute soudaine de son corps.
Olivia ne pouvait plus bouger. Pas seulement parce que Noah la clouait au sol de tout le poids d’un homme satisfait, mais parce que son propre corps était faible, son organisme encore ébranlé par cet assaut sensoriel. Et parce que son esprit, même si elle luttait pour l’éclaircir, restait ébloui, sans défense.
C’était juste du sexe, songea-t-elle, et elle chercha à s’en convaincre ; pourtant, cela avait été bien au-delà de toutes ses expériences passées. Et sous le plaisir fascinant se faisait jour une inquiétude croissante.
Elle avait toujours considéré le sexe comme une soupape de sécurité commode, une fonction humaine nécessaire se doublant souvent d’un exercice agréable ; elle y restait maîtresse d’ellemême et de ses actes. Avec Noah, elle avait vite compris qu’elle n’avait aucune chance de le rester. Il l’avait balayée, emportée ; elle avait perdu le contrôle non seulement de son corps, mais aussi de sa volonté. En outre, elle lui avait offert une part d’elle-même dont elle ignorait l’existence, une part dont elle aurait préféré qu’elle n’existât pas. Et qu’elle voulait maintenant faire disparaître, enfermer de nouveau.
Mais quand elle commença à remuer, à le pousser de côté, il la souleva simplement dans ses bras, la fit rouler sur lui et l’y maintint, couchée de tout son long sur lui. Elle avait envie de poser la tête sur son cœur, de fermer les yeux et de rester dans cette position sa vie entière.
Même si cela lui inspirait une peur mortelle.
La nuit va bientôt tomber. Il faut que j’allume un feu, pour le dîner.
Nous avons le temps, dit-il en lui caressant les cheveux.
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A nouveau, elle tâcha de se dégager, mais il la ramena vers lui. Elle était furieuse de sous-estimer sans cesse la force et la détermination de Noah, furieuse aussi de sentir sa propre colère renaître à la première occasion, telle une étincelle entre eux toujours prête à se rallumer.
Ecoute, mon vieux, sauf si tu tiens à mourir de froid et de faim, nous avons besoin de bois.
J’irai dans une minute.
Il renversa à nouveau leurs positions puis scruta son visage.

Tu veux t’en aller, Liv, mais je ne te laisserai pas partir, pas encore. Je sais ce que tu as en tête : tout cela n’était qu’une agréable partie de sexe dans la forêt, sans rapport avec ce que nous vivons ensemble depuis des années. Tu ne peux pas prétendre ça, non, tu ne peux pas.
Laisse-moi me relever, Noah.

Voilà, poursuivit-il, et sa voix se durcit. A présent, tu te promets que cela n’arrivera plus, que tu ne ressentiras plus ce que tu viens de ressentir avec moi. Tu as tort.
Arrête de me dire ce que je pense et ce que je ressens !

Je te dis ce que je vois ! C’est juste là, dans tes yeux ! Tu as du mal à mentir avec tes yeux... Alors, regarde-moi !
Il souleva ses hanches et se glissa à nouveau en elle.

Regarde-moi et dis-moi ce que tu penses maintenant, ce que tu ressens !

Non, gémit-elle, mais il s’enfonça dur et profond, faisant monter le plaisir en elle. Oh ! non, sanglota-t-elle, les bras et les jambes enroulés autour de lui.
Enivré par le triomphe et la colère, il la prit avec une fureur sauvage, jusqu’à se libérer en elle ; puis, alors qu’elle frémissait encore, il roula sur le côté, s’habilla sans rien dire, puis partit ramasser du bois.
Pour se venger, elle l’ignora et s’absorba dans la préparation du feu, qu’elle installa par sécurité à plusieurs mètres de l’endroit où ils dormaient. Ensuite, elle suspendit la nourriture en hauteur, puis rassembla ses ustensiles et entreprit de nettoyer les poissons.
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Quand elle l’entendit approcher, elle ricana et releva vers lui un visage d’une maussaderie étudiée.
Qu’est-ce que tu veux ?
Évitant sagement l’affrontement, il lui tendit un verre de vin.

Je l’avais mis à rafraîchir dans la rivière. Partante pour un petit verre ?
Je dois d’abord cuire ce poisson.

J’ai une idée. Puisque tu l’as attrapé et nettoyé, deux tâches pour lesquelles je n’ai aucune expérience, je vais le faire cuire.

Tu n’es pas dans ta douillette petite cuisine, et je ne tiens pas à ce qu’on gaspille ma pêche.

Un défi, je vois, fit-il en s’emparant de la poêle. Alors assieds-toi, bois ton vin et admire le maître.
Si tu les gâches, je n’en attraperai pas d’autres.
Fais-moi confiance, tu ne seras pas déçue.

Toi, tu ne risques pas la déception, en tout cas, si tu décides de tout toi-même.

C’est vrai, mais tu ne sais pas par quoi je suis passé, Liv, dit-il en affectant un ton grave, tandis qu’il versait un filet d’huile dans la poêle. J’ai dû apprendre à faire la cuisine comme une sorte d’autodéfense. Ma mère considère qu’on peut vivre en ne mangeant que du tofu. Tu n’imagines pas ce que c’est, de se retrouver face à un plat de tofu après une dure journée d’école. En pleine croissance.
Elle ne put s’empêcher de sourire, malgré elle. Il avait trouvé le sac d’épices et en recouvrait les poissons d’un geste sûr. Sans y penser, elle sirota le vin, un léger blanc d’Italie, et le trouva parfait.
Je ne te comprends pas, lâcha-t-elle enfin.

C’est déjà un progrès. Ces derniers temps, tu étais sûre de me comprendre et tu te trompais sur toute la ligne.
Satisfait de son saupoudrage, il déposa les poissons dans l’huile bouillante, où ils se mirent aussitôt à grésiller.
Il y a une demi-heure, tu m’en voulais, avança-t-elle.
Là, tu as raison.