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mercredi 8 janvier 2014

Le Livre perdu des sortilèges, Tome 1 : Au commencement étaient la peur et le désir - Deborah Harkness





 
Qui osera me séparer de mon amour ?
Personne, car notre amour est plus fort que la mort.









Le résumé :
Diana Bishop est la dernière d’une longue lignée de sorcières, mais elle a renoncé
depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses recherches universitaires, une vie simple et ordinaire. Jusqu’au jour où elle emprunte un manuscrit alchimique : l’Ashmole 782. Elle ignore alors qu’elle vient de réveiller un ancien et terrible secret, et que tous – démons, sorcières et vampires – le convoitent ardemment. Parmi eux, Matthew Clairmont, un vampire aussi redoutable qu’énigmatique. Un tueur, lui a-t-on dit. Diana se retrouve au cœur de la tourmente, entre un manuscrit maudit et un amour impossible.


L'avis :
J'ai lu ce livre il y a quelques mois de cela et mon avis est partagé. Deborah Harkness est une auteure à découvrir pour ceux qui ne la connaisse pas.
Certains passages sont très enrichissants. On entre dans un univers que l'auteure maîtrise. La romance entre Matthew et Diana est prenant mais... je dois dire que je me suis ennuyée à certains moments. Certains passages très fournis sont un peu lourds et je dois dire que j'ai fait une lecture en diagonale à certains moments.
Je vous mets la première partie du 1er chapitre pour vous faire un avis quant au style de Deborah Harkness.

Bonne dégustation !


L'extrait :
le livre relié de cuir n'avait rien de remarquable. Pour un historien ordinaire, il était, comme des centaines d'autres manuscrits de la Bibliothèque bodléienne d'Oxford, usé et ancien. Mais je sus qu'il avait quelque chose d'étrange dès l'instant où je l'eus entre les mains.
En cet après-midi de la fin de septembre, la sal e de lecture Duke Humfrey était déserte et les demandes de consultation étaient rapidement traitées, maintenant que la cohue des stages d'été était terminée et que la folie de la rentrée n'avait pas encore commencé. Malgré tout, je fus surprise quand Sean m'appela au comptoir.
Docteur Bishop, vos manuscrits sont prêts, chuchota-t-il avec un rien de malice.
Il épous eta soigneusement les traînées brunâtres des antiques reliures de cuir sur le devant de son pul jacquard. Une mèche blonde retomba sur son front.
Merci, répondis-je avec vin sourire reconnais ant. (Je dépas ais ef rontément le nombre de livres qu'un universitaire peut consulter chaque jour. Lorsque nous étions étudiants, j'avais pris bien des ver es avec Sean dans le pub aux moulures roses de notre rue ; cela faisait plus d'une semaine qu'il exauçait toutes mes demandes sans broncher.) Et ar ête de m'appeler docteur Bishop. J'ai l'impres ion que tu t'adres es à quelqu'un d'autre.
Il me rendit mon sourire en faisant glis er les manuscrits sur le vieux bureau en chêne. Enfermés individuel ement dans des boîtes en carton gris, ils contenaient tous de remarquables exemples d'il ustrations alchimiques de la col ection bodléienne.
Oh, il en reste encore un. (Sean disparut un instant et revint avec un épais in-quarto relié d'un simple morceau de vélin un peu taché. Il le posa sur le des us de la pile et se pencha pour l'examiner.
Les fines montures dorées de ses limet es bril èrent à la faible clarté de la vieil e lampe de lecture en bronze.)Cela faisait longtemps qu'on nous avait demandé celui-là. Je vais noter qu'il faudra lui préparer un carton quand tu le rendras.
Tu veux que je te le rappel e ?
Non, c'est déjà enregistré là, fit-il en se frappant la tempe.
Tu dois avoir une tête mieux organisée que la mienne.
Avec un sourire timide, il tira sur la fiche de consultation, qui restait coincée entre la couverture et les premières pages.
El e ne veut pas se lais er faire, observa-t-il.
Des voix étouf ées s'élevèrent dans mes oreil es, troublant le silence habituel de la sal e.
Tu as entendu ? demandai-je en me retournant, intriguée.
Quoi donc ?
Des traces de dorure qui bril aient sur le tranchant des pages du manuscrit at irèrent mon regard.
Mais el es ne pouvaient être la source de la faible lueur irisée qui semblait s'évaporer d'entre les pages.
Je clignai des yeux.
Rien.
Je tirai précipitamment le manuscrit à moi, saisie d'un fris on à son contact. Sean n'avait pas lâché la fiche, qui sortit sans dif iculté d'entre les pages. Je calai la pile de livres sous mon menton, prise à la gorge par une odeur âcre qui tranchait avec le parfum familier de cire et de crayons tail és qui baignait les lieux.
Diana ? Ça va ? s'inquiéta-t-il.
Très bien. Juste un peu fatiguée, répondis-je en éloignant les livres de mon nez.
Je traversai rapidement la section XVe siècle et ses tables élisabéthaines usées et garnies d'étagères.
Les fenêtres gothiques at iraient le regard vers les plafonds à cais ons, où figuraient les armes de l'université, trois couronnes et un livre ouvert, soulignées de sa devise :Dieu est mon il umination.
Une universitaire américaine, Gil ian Chamberlain, était la seule autre personne présente dans la sal e en ce vendredi soir. Enseignant les let res clas iques à Bryn Mawr, el e pas ait son temps à scruter des fragments de papyrus protégés entre deux plaques de ver e. Je pas ai rapidement en es ayant de ne pas croiser son regard, mais le grincement du vieux parquet me trahit.
Un picotement me parcourut, comme chaque fois qu'une autre sorcière posait les yeux sur moi.
Diana ? fit-el e dans la pénombre.
J'étouf ai un soupir et m'immobilisai.
Bonjour, Gil ian.
Ser ant sans raison jalousement mes manuscrits contre moi, je gardai mes distances en me tournant pour qu'el e ne puis e les voir.
Que faites-vous pour Mabon ?
Gil ian venait constamment me demander de pas er du temps avec mes « sœurs » quand j'étais là.
Les fêtes wiccanes de l'équinoxe d'automne approchant, el e redoublait d'ef orts pour que je me joigne au coven d'Oxford.
Je travail e, me hâtai-je de répondre.
Il y a des sorciers et des sorcières très sympathiques là-bas, vous savez, observa-t-el e d'un ton pincé. Vous devriez vraiment vous joindre à nous lundi.
Merci, je vais réfléchir, conclus-je en reprenant mon chemin vers Selden End, la vaste galerie ajoutée au XVIIqui coupait la sal e. Mais ne comptez pas trop là-des us, je suis sur le texte d'une conférence.
Ma tante Sarah m'avait toujours mise en garde : une sorcière ne peut mentir à une autre. Mais cela ne m'empêchait pas d'es ayer.
Gil ian eut vin murmure compatis ant, mais me suivit du regard.
Ar ivée à ma place habituel e devant les vitraux, je réprimai l'envie de lais er tomber mon fardeau sur la table et de m'es uyer les mains. Mais, soucieuse du grand âge de ces livres, je les déposai précautionneusement.
Le manuscrit qui avait semblé retenir sa fiche de consultation était sur le des us de la pile. Le dos était orné des armes d'Elias Ashmole, un alchimiste et bibliophile du xvi e siècle dont les livres et documents avaient été versés au fonds de la Bodléienne par le musée Ashmoléen au xix, avec celui-ci, le numéro 782. Je tendis la main et ef leurai le cuir bruni.
Une petite décharge me la fit retirer prestement, mais pas as ez ; le tres ail ement remonta dans mon bras, me donnant la chair de poule jusqu'aux épaules et à la nuque. El e disparut rapidement, mais el e me lais a une sensation de vide et de désir inas ouvi. Ébranlée par cet e réaction, je reculai.
Même à cet e distance, ce manuscrit me lançait un défi, menaçant la murail e que j'avais élevée entre ma car ière d'universitaire et mon statut de dernière des sorcières Bishop. Ici, entre mon doctorat et ma chaire remportés de haute lut e, les promotions qui m'at endaient et une car ière bourgeonnante, j'avais renoncé à mon héritage familial et bâti une vie qui reposait sur la raison et les capacités profes ionnel es, pas sur des sortilèges et des intuitions inexplicables. J'étais à Oxford pour achever des recherches. Une fois terminées et publiées, mes découvertes, soutenues par une analyse pous ée et présentées à mes col ègues humains, ne lais eraient aucune place aux mystères et à tout ce qui ne peut être perçu que par le sixième sens des sorcières.
Mais - accidentel ement - j'avais demandé à consulter un manuscrit alchimique néces aire à mon travail qui semblait doué d'un pouvoir occulte que je ne pouvais ignorer. Cela me démangeait de l'ouvrir et d'en savoir plus. Pourtant, une force supérieure me retenait : ma curiosité était-el e seulement intel ectuel e ou bien était-el e mue par les liens de ma famil e avec la sorcel erie ?
Je pris une profonde inspiration et fermai les yeux en espérant m'éclaircir les idées. N'ayant aucun lien avec les Bishop, la Bibliothèque bodléienne avait toujours été pour moi un refuge. Je croisai les bras et fixai dans le crépuscule nais ant la référence 782 en me demandant quoi faire.